Consensus d’experts
Propositions sur la prise en charge en cas d’extrême prématurité – Le groupe de travail « Extrême Prématurité » pour la SFMP, le CNGOF et la SFNPropositions for perinatal care at extremely low gestational ages – Working group on “Extremely low gestational ages” for SFMP, CNGOF, and SFN

https://doi.org/10.1016/j.gofs.2020.09.021Get rights and content

Résumé

Objectifs

Des études internationales ont montré que la prise en charge périnatale active aux âges gestationnels les plus faibles s’accompagnait d’une amélioration de la survie sans augmentation des handicaps graves par rapport à une prise en charge moins active. Un travail mené par les sociétés savantes (SFMP, SFN et CNGOF) a permis d’élaborer de nouvelles propositions pour une prise en charge plus optimaledes enfants extrêmement prématurés en France.

Méthode

Ce groupe a été constitué en 2015 à l’initiative des sociétés savantes et en lien avec les associations de parents et d’usagers. Le travail s’est appuyé sur la revue de la littérature sur le pronostic des enfants extrêmement prématurés, ainsi que sur les recommandations émises par des sociétés savantes européennes. Sur la base de ces informations, un texte a été produit, soumis à l’ensemble des membres du groupe de travail et définitivement accepté par les sociétés savantes en avril 2019.

Résultats

Ce texte propose une aide à la décision dans la prise en charge de ces naissances. Il pose comme principes : l’administration de la corticothérapie indépendamment de la prise en charge (réanimation ou soins de confort) ; une évaluation pronostique et une décision collégiale, hors contexte de l’urgence ; un consensus sur l’information à délivrer aux parents avant de les informer et de recueillir leur avis. Cette démarche suppose une cohérence de la prise en charge avant, pendant et après la naissance et elle s’appuie sur une étroite collaboration obstétrico-pédiatrique.

Conclusion

Ces propositions doivent permettre de faire évoluer la prise en charge périnatale de l’extrême prématurité en France.

Abstract

Objectives

International literature suggests that active perinatal management at extremely low gestational ages improves survival without increasing the risk of impairment in survivors, compared to less active management. Although these results are limited to a small number of countries, they question current practices in France. New propositions on perinatal management of extremely preterm infants have carried out by the French Society of Perinatal Medicine, the French Society of Neonatology and the National College of French Obstetricians and Gynecologists.

Methods

This group was set up in 2015 on the initiative of the professional societies and in collaboration with parents’ and users’ associations. The work was based on a review of the literature on the prognosis of extremely preterm children, as well as on recommendations by European societies. Based on this information, a text was produced, submitted to all members of the working group and definitively validated in April 2019.

Results

This text offers a decision-making guideline for the management at extremely low gestational ages. Its principles are: the administration of steroids independently of management (resuscitation or comfort care); a prognostic evaluation and a collegial decision, outside the context of the emergency; a consensus on the information to be given to parents before going to inform them and gather their opinion.

Conclusions

These new propositions will contribute to modifying perinatal care at extremely low gestational ages in France.

Section snippets

État des lieux – position du problème

La prématurité extrême, définie par une naissance entre 22 et 26 semaines d’aménorrhée (SA), concerne 0,2 à 0,3 % des naissances soit environ 1600 naissances vivantes par an en France [1]. Ces naissances, certes, peu nombreuses sont néanmoins au centre du questionnement périnatal par les enjeux médicaux et éthiques qu’elles suscitent. La question de la prise en charge optimale à proposer à cette population reste entière. Les études EPIPAGE 1 (1997) et EPIPAGE 2 (2011) ont montré que la survie

Constitution du groupe de travail

Comme indiqué ci-dessus, le travail a été conduit sous l’égide de la SFMP. En 2015, les présidents du CNGOF (Pr. Bernard Hédon) et de la SFN (Pr. Elie Saliba) ont été contactés afin de participer à un groupe de travail sur la prise en charge l’extrême prématurité. Dans le même temps, les associations d’usagers (CIANE) et de parents (SOS Préma, SPAMA et Jumeaux et plus) ont été sollicitées. Les sociétés savantes et les associations ont donné leur accord et ont désigné une ou plusieurs personnes

Comment prendre la meilleure décision et sur quels facteurs pronostiques ?

L’objectif est d’établir et de construire une prise en charge cohérente.

Modalités pratiques de l’avis obstétrico-pédiatrique

Dès la période anténatale, il y a nécessité d’une collaboration étroite entre obstétriciens, sages-femmes et pédiatres. Cette collaboration est nécessaire afin de décider de la mise en œuvre éventuelle à la naissance de soins palliatifs ou au contraire d’une réanimation active. Ce dernier choix n’est évidemment pas définitif. S’il apparaît que la poursuite des soins de réanimation constitue une obstination déraisonnable, celle-ci peut conduire par la suite à décider d’une réorientation vers des

Conséquences sur l’organisation des soins péri- et post-natale

Comme nous l’avons explicitement écrit dans l’introduction de ce texte, les propositions énoncées ne peuvent pas être appliquées de manière uniforme sur le territoire. Elles doivent être élaborées en concertation entre tous les professionnels impliqués dans la prise en charge de la grande prématurité au sein de chaque réseau périnatal. Il appartiendra à chaque centre, ou mieux, à chaque réseau, d’établir un processus de décision et d’information, et de lister les facteurs pertinents pour

Conclusion

L’extrême prématurité soulève des questions tant sur le plan médical qu’éthique. L’amélioration récente des taux de survie chez les enfants très grands prématurés dans certains pays développés, la persistance de différences avec la France, mais aussi la très grande variabilité des pratiques entre les centres en France devraient conduire les équipes françaises à réévaluer leurs pratiques vis-à-vis de la prématurité extrême. Ce texte propose une aide à la décision dans la prise en charge de ces

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (13)

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Cited by (11)

  • Recent historic increase of infant mortality in France: A time-series analysis, 2001 to 2019

    2022, The Lancet Regional Health - Europe
    Citation Excerpt :

    Up-to-date data on the potential factors associated with IMR should be routinely collected and analyzed. In the meantime, strategies to improve further the quality of French perinatal care, especially among infants born extremely premature are thus urgently needed.44 The increase in IMR was also partially driven by an increase in infant male deaths.45

  • Current attitudes and beliefs toward perinatal care orientation before 25 weeks of gestation: The French perspective in 2020

    2022, Seminars in Perinatology
    Citation Excerpt :

    Interestingly, no evidence indicated that the intensity of perinatal care for extremely preterm babies had any effect on births at a higher GA.15 These data kindled a major debate in France around perinatal management, reinforced by questions from neonatologists from other countries.16,17 New proposals to harmonize French practices were presented at a national congress in 20177 and were recently published.18 The objective of this study was to describe the current attitudes of senior French neonatologists towards active care before 25 weeks and explore the opportunities available to improve outcomes.

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